2010-11-28 - Entrainement Militaire

Entrer dans l'armée, ça m'a toujours taquiné ; et finalement j'ai pas mal tourné autour : les courses-raids avec orientation dans la gadoue et les ronces, les trips solos en autonomie, les bivouacs. Seulement, je ne m'arme que d'un appareil photo et en guise de rapport d'espionnage, je ne rends que des récits de voyage. Pourtant, ce week-end encore, je n'étais pas loin du commando.


Cela fais maintenant 10 jours que je suis installé à Vitoria, le moment est venu de faire mon premier itinéraire de footing pour aller découvrir les environs en gambadant. Seul problème : je n'ai pas de carte de la région, pas d'itinéraire et aucune idée des coins sympas. GoogleMap est mon ami : je repère une zone avec des collines à 5 ou 6 km au nord de chez moi. En quelques clics, je trace une belle boucle qui traverse 2 villages, fais le tour des collines, passe par le point culminant et redescend à la maison. 16Km : parfait pour le footing du week-end !
Pas d'imprimante pour imprimer la carte ? Pas de soucis : je m'écris le topo de l'itinéraire, ça suffira.
Pour les directions : la boussole.
Pour les distances : la montre. A 12km/h : 100m=30sec, à 14km/h 100m=26sec. En estimant la vitesse, on obtient une très bonne approximation de la distance (à ~10sec près sur 500m !)

Bref, le lendemain à 10h, j'étais à fond pour entamer mon parcours, dans un temps maussade et frais – froid même!- . L'objectif ? Trouver sur le parcours des « spots » pour prendre en photo les montagnes enneigées tout autour de Vitoria.

Les premiers Km sont tranquilles sur les routes de campagne qui quittent la ville. Je trouve mon chemin sans problème jusqu'aux collines. Mais arrivé sur place, je suis un peu déçu : les collines sont un peu ridicules. Mais le pire, ce sont ces traces de 4x4 partout sur les collines. Qui sont les crétins qui viennent faire des rodéos mécaniques ici ?

Comme lorsque je suis arrivé en Pologne, en débarquant en Espagne, je considère candidement que les gens sont bons et intelligents – présomption d'innocence - . Mais les conducteurs de 4x4 sont en-dehors de ces considérations, pour moi ils font partie d'une communauté de débiles qui dépasse les frontières. Encore qu'on ne puisse pas trop leur en vouloir, ils ont subi la pression de la publicité. En fait de sont des faibles ! Quelle ironie : s'acheter par faiblesse une voiture qui voudrait faire croire qu'on est fort...
Et en tout en escaladant, je les maudits ces conducteurs qui ont ravagé les flancs de ces collines : les traces de pneus énormes sont encore visibles presque partout. Si j'en voit un seul, je me cache dans un fourré, et je lui saute dessus pour lui crever les pneus ! (quoique, maintenant je sais que mon Opinel ne fera peut-être pas le poids contre un pneu...)

Ca y est ! Je suis au sommet des buttes. Bof, je suis un peu déçu de la vue, et la végétation est un peu triste sous les nuages de Novembre. La vue des montagnes alentour me réconforte, mais je commence à regretter cet itinéraire : ce n'est vraiment pas très joli. Je redescends en trottinant dans la boue, et retombe sur la route, comme prévu. En me retournant, je tombe sur ce panneau :

Quoi ?!? J'étais depuis tout à l'heure sur un terrain militaire ?!? Zut alors ! Je n'ai rien vu en y entrant ! Et ces traces de 4x4 alors ? Effectivement, les traces étaient bien plus grosses que les 4x4 citadins habituels...une zone d'entrainement militaire ! Petit coup d'adrénaline...
Tant mieux, j'en suis sorti sans mauvaise rencontre. Je continue sur la route qui longe le terrain, mais au bout, mon itinéraire m'indique de rentrer à nouveau dans la zone pour rentrer à la maison. Je n'ai pas de carte pour changer d'itinéraire, mais je vais essayer par la route. Malheureusement, 100m plus loin, la route s'arrête sur un terrain fermé. Impossible de contourner. Je dois pénétrer dans la zone militaire.
Tout à coup ma foulée s'est allongée, et je cours plus vite. Finalement, ce petit footing s'annonce plus amusant que prévu !

Ce qui est moins amusant c'est que maintenant la partie Sud du terrain est fermé par un double grillage + barbelé. Je longe tant que je peux aller dans ma direction (à l'ouest). Voilà un panneau : « Granada...(tiens ? Une indication pour la ville de Grenade ?)...y dinamita» Ha, je la connaissais pas cette ville ! Voilà que je longe un champ d'essai d'explosifs ! Je ne traine pas, je trace !

Toujours vers l'ouest, je passe devant le centre de tir, une zone de bivouac...et je ne peux toujours pas repartir au sud ! Pourtant il faut maintenant que je rattrape ma route. Encore quelques centaines de mètres, et le double grillage est remplacé par un barrière de barbelés de 3 mètres de large. Ça ne m'enchante pas mais juste derrière les barbelés je vois une route qui devrait me mener à un village que je reconnais.
Hop ! Je jettes mon sac par dessus la ligne , un coup d'oeil circulaire et je me glisse entre les barbelés : un coup au-dessus, un coup en dessous en essayant de ne pas choper le tetanos. Ouf ! Passé ! J'enfile mon sac et repars comme un furet ! Haha ! Avec ma boussole, mon sac de survie et mes chaussures crottées, je me sens comme le lieutenant Burnett dans « Derrières les lignes ennemies » !!

Après 4 derniers kilomètres en sprint, j'arrive au chaud chez moi, heureux d'avoir transformé une sortie footing froide et glauque en un raid trépidant !

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