2011.12.25 : Road Trip Minas Gerais

Programme
À l'origine, Il n'y avait pas une once de programme.
À l'origine, il y avait deux bonhommes qui étaient bien motivés pour profiter du Brésil et partir à la découverte de l'intérieur de la région.
À l'origine, on avait 3 guides touristiques, une voiture, deux sacs de rando, un pack d'eau et quelques paquets de gateaux en cas de brousse et quelques heures de musique en mp3 pour la route.
Sur la route, on a navigué à vue de ville en ville et de pousada en hotels, au gré de l'envie, des guides, des conseils, de l amétéo et du peu de temps qu'on avait.
Je vous propose ma petite visite du Minas Gerais, à bord de ma VW Gol (version 1.0l sans turbo) et de ma BM-doublepieds :
Ville d'Ouro
Ville de Mariana
Mina de Passagem
Sanctuaire de Caraça
Belo Horizonte
Congonhas
Tiradentes
Rando Serra Sao Jose
Road Trip : sur la route

C'est Quoi le Minas Gerais ? Version Flol
Déjà, "Minas Gerais" c'est le pluriel de "Mina Geral", qui veut dire en portugais "Mine Générale ou Mine Commune" (je parle sous le controle de 30h de portugais....ouf!). Le Minas Gerais est un état du Sud-Est du Brésil qui a été colonisé très tôt pour la richesse de son sol en minerai et pierres précieuses (Or, émeraudes, cristaux, cuivre, fer).
L'histoire du Minas Gerais est indissociable de l'exploitation minière de la région. D'ailleurs, la couleur "jaune" du drapeau Brésilien symbolise la richesse du pays : la diversité, la culture, la forêt...certes, mais surtout l'or!.
La réalité de la colonisation aurifère est bien moins étincelante que le métal lui-même. Lorsque l'on parle de colons à la recherche d'or, on pense à des Indiana Jones traversant la jungle pour trouver des pépites dans les ruisseaux. Cette version a existé, mais en tant que prémisse de la véritable colonisation : l'histoire du Minas Gerais, c'est celle de l'esclavagisme massif dans les mines souterraines, des exploitations à ciel ouvertes sur des hectares de forêt primaire. C'est aussi l'histoire de la richesse extrême, de l'exubérance artistique et du développement industriel qui en a découlé.
Si l'époque coloniale est révolue en nous léguant quelques joyaux, la réalité de la région est encore actuellement très liée à l'exploitation du sol :
- Les gigantesques exploitations minières à ciel ouvert jalonnent les routes, et "cohabitent" avec des parcs naturels de toute beauté ;
- La population de la région garde les traits des populations africaines transbordées pendant l'esclavage ; alors que la population de Rio -bien que très métissée- garde beaucoup de traits portugais ;
- Les nouvelles "pépites" de la région sont les joyaux architecturaux d'autrefois, qui attirent les touristes (surtout brésiliens).

Minas Gerais
Localisation de l'état du Minas Gerais au Brésil.
Au Sud-Est : le petit Etat de Rio de Janeiro

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Plus? Le minas Gerais Selon Wikipaedia

Le Minas Gerais (MG) est un des États fédérés du Brésil, situé au nord-ouest de la région Sud-Est du pays. Il a une superficie de 588 383 km² (France métropolitaine: 543 965 km²) et compte environ 20 595 499 habitants (source IBGE 2006) (France/Janvier 2011: 66 000 000).
Son climat est tropical avec une moyenne de température annuelle de 21 °C.
Sa capitale est Belo Horizonte.
Villes principales : Belo Horizonte, Contagem, Juiz de Fora, Montes Claros, Uberlândia, Governador Valadares, Uberaba, Divinópolis, Barbacena et Itabira.
Cet État est riche en mines de pierres précieuses et en particulier des mines d'Émeraude. Son nom en portugais signifie d'ailleurs : "Mines communes", c'est-à-dire des mines dépendant de la Couronne portugaise.
La ville historique d'Ouro Preto est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Encore Plus? La route de l'Or au Brésil, selon le Routard.com
Carnet de Voyage d'Olivier Page, 2009

« Quelque chose d’étrange émane de ce paysage solitaire et sauvage, et excite l’imagination : on sent qu’un mystère se cache sous cette terre, ces pierres, ces cours d’eau ». L’écrivain Stefan Zweig a tellement aimé le Brésil, ce pays-refuge où il s’était exilé en 1940 pour fuir le nazisme, qu’il a écrit sur cette terre bien-aimée un livre visionnaire et lyrique, Le Brésil, terre d’avenir, un récit qui n’est pas toujours objectif mais sincère, car écrit avec passion. Ses pas l’avaient conduit partout où la terre brésilienne avait révélé ses richesses et ses trésors : le caoutchouc en Amazonie, la canne à sucre dans le Nordeste, le cacao et le café dans l’État de São Paulo.

Dans l’État du Minas Gerais, c’est tout naturellement à Ouro Preto qu’il avait commencé sa quête et son enquête sur l’or du Brésil. Qu’avait-il vu, qu’avait-il trouvé ? Une petite ville intacte, une cité fantôme et abandonnée, encore hantée par les rêves de splendeur les plus fous. Une vieille ville, belle et bosselée, enfouie dans son écrin de collines et de vallées entrecroisées, des rues anciennes et pavées tracées sur les flancs des monts, des églises baroques splendides, des maisons et des demeures nobles, autant de vestiges de la culture coloniale appartenant à un passé révolu. Nous y voici. Ouro Preto est toujours belle et bosselée, elle n’est plus une cité fantôme mais un des hauts lieux du tourisme culturel au Brésil. Je marche enthousiaste dans les pas de Zweig.

Ouro Preto : « un cœur d’or dans une poitrine de fer »

L’État du Minas Gerais ne produit plus d’or aujourd’hui, les filons sont épuisés, mais du minerai de fer et des pierres précieuses en masse (topaze, émeraude…). Même les grandes sociétés chinoises y viennent acheter le fer nécessaire à leur industrie. Pourtant, on le sent tout de suite, dès le premier instant, à Ouro Preto, ce n’est pas le ciel qui dicte la destinée humaine, mais le sous-sol…

À l’époque de la ruée vers l’or au Brésil, au XVIIIe siècle, le métal jaune se cachait partout, dans les lits des rivières ou sur les versants des montagnes. Ouro Preto fut fondée sous le nom de Vila Rica par des bandeirantes (les pionniers) qui y avaient trouvé d’importants gisements d’or. Ces hommes assoiffés de richesse se ruèrent dans le sous-sol, poussés par la fièvre de l’or. Celle-ci enflamma la région qui devint une enclave fermée et prospère, réservée aux riches colons portugais soumis à la loi royale. Quels hommes peinaient dans les mines ? Les esclaves importés d’Afrique. Le roi du Portugal délivrait au compte-goutte les permis de séjour, sans lequel il était impossible de vivre et de travailler dans le secteur. Une sorte d’enclave minière fermée à double tour !

Des bâtisseurs et des artistes du Portugal s’y installèrent, assurant l’essor de la cité, mais les Jésuites n’y avaient pas d’influence. Cet « Eldorado » brésilien se couvrit de fontaines sculptées, d’églises à la décoration baroque et rococo, de riches demeures seigneuriales. Selon Stefan Zweig, « elle devint la ville la plus somptueuse et la plus peuplée d’Amérique ». En 1720, Ouro Preto prend le titre de capitale de l’État du Minas. Ce fût la plus belle période de son histoire.

Or fondu, or en pépites

À cette époque, l’or d’Ouro Preto était exploité, fondu en lingots puis transporté en chars ou à dos de mules, dans des convois gardés par des soldats, sur le camino real (chemin royal). La précieuse marchandise était acheminée jusqu’aux ports de Rio (il fallait deux mois pour faire la route) et de Paraty, sur le littoral, puis embarquée sur des bateaux, elle traversait l’Atlantique à destination de Lisbonne. L’or du Brésil a ainsi fait la richesse du Portugal au XVIIIe siècle.

Seuls les lingots estampillés par les autorités royales avaient le droit de circuler, l’or en pépites devant rester sur place, aux mains des chercheurs qui souvent l’enfouissaient dans des bouteilles cachées dans les murs de pierre des maisons. Aujourd’hui encore, lors de chantiers de restauration, les habitants d’Ouro Preto découvrent parfois des bouteilles de verre remplies d’or…Une bouteille peut contenir 25 kilos d’or ! « Voilà pourquoi les gens d’ici restent toujours silencieux sur leur découverte… » me confie José Ephigenio qui n’a pas trouvé d’or dans les murs mais dans ses peintures. Celles-ci sont pour lui les plus belles pépites de l’esprit !

José Ephigenio et les mystères de l’alexandrite

José Ephigenio Pinto Coelho est un artiste peintre d’une cinquantaine d’années. Son visage jovial et moustachu évoquerait un mélange d’Einstein, de Georges Brassens et d’Alexandre Dumas. Un bel assemblage de sang portugais et angolais, un authentique brésilien. Dans son ancien garage transformé en atelier et galerie d’exposition, sur la place Juvenal, il expose des toiles figuratives, dans les tons bleu et vert, représentant notamment la ville d’Ouro Preto, et les paysages du Minas Gerais.

Quand il était étudiant aux Beaux-Arts et en philosophie (il a écrit une thèse sur le positivisme, la doctrine des fondateurs de la république du Brésil), il a vécu un an à Cuzco (Pérou) et visité la France, pays qu’il aime plus que tout. Il parle un bon français. Par admiration pour Van Gogh, il est allé en pèlerinage à Auvers-sur-Oise dans les pas de ce peintre qu’il apprécie au même titre que Cézanne, Monet et Velázquez. Pour José, il n’y a rien de nouveau dans l’Univers. « L’Univers se rit de nous et nous rions de l’Univers ! ». Pour l’instant, José, plein d’humour, nous fait bien rire. Il est la bonne humeur faite homme.

À bord de sa vieille voiture jaune, nous parcourons la ville et montons sur un flanc de montagne jusqu’au belvédère São Sebastião qui domine Ouro Preto. Quelle vue magnifique ! Les collines vertes ondulent à l’infini, les rues et les maisons blanches coiffées de toits de tuile se serrent dans les vallons encaissés, s’agrippent aux versants, montent et dévalent les pentes d’un relief tourmenté. Curieusement le haut des collines est resté vierge de toute construction car la ville, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, est protégée par des règles d’urbanisme très strictes.
José retrouve son ami Marco Silva, un jeune géologue portugais, passionné par les pierres précieuses, et auteur d’une thèse de doctorat sur l’alexandrite, une pierre rare et mystérieuse. Sa particularité ? Par un étrange phénomène de chimie minérale, l’alexandrite change de couleur selon la lumière. Vert bleuté de jour, elle devient rouge orangé la nuit. Elle est toute petite, très rare, et très chère. Est-ce la pierre philosophale que nous avons trouvée ? Non. Une pierre brésilienne habitée par une âme humaine.

Tiradentes, nid d’artistes

À 155 kilomètres au sud d’Ouro Preto, dans un cirque de douces collines, voilà une charmante petite ville coloniale du Minas Gerais qui a su garder sa taille humaine sans vendre son âme aux diables du progrès. Elle est encore mal connue. Pour le guide du Routard, j’y viens pour la première fois.

Fondée en 1702 par des colons de São Paulo à la recherche des mines d’or, Tiradentes devint une base, un relais routier, une étape importante sur le camino real, le chemin royal par lequel transitaient les convois d’or et de pierres précieuses à destination du Portugal. Tiradentes porte le nom du père de l’indépendance du Brésil qui fut condamné et pendu en 1792 sur la place publique d’Ouro Preto. Après des années d’oubli, c’est à présent une petite cité de caractère, une ville d’art réhabilitée, réanimée, considérée comme un des trésors du patrimoine du Minas Gerais. Tiradentes a échappé aux démons du modernisme, n’ayant jamais été défigurée, et pourrait être un conservatoire en plein air de l’architecture coloniale brésilienne de l’âge d’or.

Touristique bien sûr, mais encore authentique, avec ses rues pavées et dallées, ses églises et chapelles baroques, ses ribambelles de maisons blanches et colorées comme au Portugal, étincelantes de lumière avec leurs fenêtres à petits carreaux, ses magasins d’artisans et d’antiquités, ses nombreuses galeries d’art. Quelques chocolatiers aux éventaires remplis de friandises donnent à la ville son odeur subtile de cacao. Subjugué par Tiradentes, Dominique Fernandez y séjourna pour écrire un de ses grands livres autour du thème de l’art baroque brésilien : L’Or des tropiques. On le comprend, car la ville est parsemée d’une dizaine d’églises et chapelles dans le plus pur style baroque.

Les douze prophètes de Congonhas

Située au sommet d’une colline, le sanctuaire de Bom Jesus à Congonhas, sur la route d’Ouro Preto à Rio, se dresse comme un diadème au-dessus d’une ville sans éclat. Un grand escalier de pierre y monte, encadré par d’élégants palmiers impériaux. D’émouvantes statues se dressent dans le ciel bleu. Sculptées dans la « piedra sabon », cette pierre savonneuse du pays qui, malgré sa mollesse, est très résistante au temps, elles représentent les douze prophètes de la Bible. « Héroïques et extatiques à la fois, elles expriment bien l’âme fougueuse de l’artiste » note Stefan Zweig subjugué.

Qui est cet artiste ? Une sorte de Michel Ange du Brésil. Son nom : Antonio Francesco Lisboa, appelé aussi « O Aleijadinho », ce qui signifie « le petit estropié ». Fils d’un menuisier portugais et d’une esclave noire, né en 1730 à Ouro Preto, ce mulâtre autodidacte ne savait ni lire ni écrire. Il était laid, effrayant même, avec un corps estropié, des pieds et des mains rongées par la lèpre. Il ne voulait voir personne, ni être vu par personne. Il ne vécut que pour et par son travail. Par dégoût du monde et de lui-même, il s’oublia dans son art et réalisa ses chefs-d’œuvre dans les églises du Minas Gerais, d’Ouro Preto à Congonhas. Ce génie aveugle et paralysé, cet homme maudit et anonyme s’est épuisé jusqu’à sa 84e année. Il compte à présent parmi les plus grands artistes baroques de l’histoire du Brésil. Revanche de l’histoire !

À Congonhas, il a inscrit dans la pierre grise la beauté spirituelle et la force d’âme des prophètes, il a donné au ciel du Brésil et aux hommes qui le méprisaient ce qu’il n’avait jamais trouvé sur terre : l’espoir. À Congonhas, sur la route de l’or, le temps est devenu réversible, et grâce à Aleijadinho, il transforme les minutes en éternité.